Ma France à moi

Aujourd’hui, c’est un jour spécial pour moi. Un jour pas comme les autres. Un jour heureux et malheureux à la fois.  Un jour qui a chamboulé ma vie à jamais !

23 septembre 2001.  Moins de deux semaines après la tragédie qui a changé la vision du monde moderne, je me souviens comme si c’était hier de ce jour où on suivait en direct sur CNN les attentats avec mes collègues de la rédaction. On attendait tous le moment ou un chroniqueur allait annoncer que tout n’était qu’un gag à la Orson Welles, mais ce moment n’arrivera jamais.

Ce soir de 23 septembre j’arrivais à Paris Gallieni après 30 heures de bus, avec mon passeport, mon visa étudiant (ne pas lire Visa comme CB, mais visa, comme droit d’entrer dans un pays, à l’époque on devait en faire la demande à l’Ambassade de France de Bucarest) avec ma valise contenant tout ce que je pensais nécessaire pour un an. C’est un an que je devais rester en France.

Ce jour de 23 septembre a été un déchirement pour moi. Ce jour la, j’ai quitté ma famille. Ce jour la,  j’ai quitté mes amis. Ce jour la, j’ai quitté mon pays… Ce jour la, un an me semblait une éternité !

En contrepartie j’allais vivre une expérience plus qu’enrichissante, j’allais vivre mon rêve : flâner dans les rues de Paris et visiter ses musées pendant toute une année ! J’ai eu la chance de venir en France deux fois auparavant et je suis restée une journée à Paris, c’était la course folle pour visiter Le Louvre et La Tour Eiffel. Depuis, j’avais cette frustration de ne pas avoir pu prendre mon temps au Louvre .

C’est depuis ce jour que je sais ce que c’est de s’endormir en pleurant et avoir le mal du pays. Petit à petit, je me suis fait des amis, on visitait les musées (j’ai eu le temps de visiter le Louvre en long et en large ! Tous les dimanches c’était minimum un musée !), on faisait la fête.

La France et moi on a appris à «s’apprivoiser ».

Ensuite j’ai rencontré M Crapaud !

Depuis, mon ceur est brisé à jamais, quand je suis en France c'est la Roumanie qui me manque terriblement, et quand je suis en Roumanie c'est la France qui me manque! Mais quelle richesse et quel bonheur de pouvoir conjuguer les deux cultures et de pouvoir les transmettre à Petit Crapaud!

Les 3 ans que j’ai passés à Paris jamais je n’ai ressenti que mes origines roumaines dérageraient quelqu’un. Jamais je n'ai eu le sentiment d'être "l'étrangère". Dès mon arrivée dans le Nord et ensuite dans l’Aisne, tous les jours je me confronte avec les préjugés des gens. Encore aujourd’hui, 14 ans après. Serai-je toujours "l'étrangère" ?